Bon, il faut tout de suite mettre du contexte dans cet article : je suis un joueur de Formula One Grand Prix et F1 Grand Prix 2 de Microprose. C'est mon école, j'ai joué pendant des heures et des heures à ces deux pointures qui n'avaient pas d'équivalents à leur époque. Je changeait les noms des pilotes pour y faire apparaitre les noms des pilotes qui courraient sur les autres saisons, j'utilisais les éditeurs qui permettaient d'avoir les livrées des saisons actuelles ou passées, je chargeait les circuits pour recréer des saisons en particulier.

Quelques années après, j'ai joué à F1 Racing Simulation, qui était considéré à l'époque comme la simulation la plus aboutie qui ait existé, à l'époque ou la N64 ne proposait que le maigre F1 World Grand Prix. Le jeu proposait des améliorations notables par rapport à la série de Microprose : des graphismes 3D beaucoup plus réalistes, des réglages fins sur la voiture, des accidents plus réalistes, etc.

On a ensuite eu droit à la suite de la série des Grand Prix de Microprose, avec l'épisode 3 puis 4, puis plus rien.

Les seuls jeux qui sortaient, parfois, étaient dans la lignée de la série arcade Formula One, débutée en 96, et dont certains sont devenus des hits consoles (Formula One 97 en particulier, au lancement de la PS1). Electronic Arts a récupéré la licence en début des années 2000 et a sorti quelques jeux sans saveurs, puis quelques années se sont écoulées sans sortie.

C'est finalement Codemaster qui a récupéré les droits, et qui édite, depuis 2009, la série F1 20xx. Depuis cette époque, à chaque saison son jeu. On est dans le modèle de jeu de sport dans lequel on vend chaque année une mise à jour au prix d'un prix neuf. Ne disposant pas du matériel PC adéquate, et n'ayant pas envie de me farcir un jeu de formule 1 à la console, j'avais laissé passé sagement les années avant de finalement découvrir la série avec ce F1 2018.

Mes attentes étaient grandes. Après tout, en 10 ans, les progrès sur une simulation de formule 1 ont dû être fous. Ces attentes ont été grandement déçues.

Il y a des points positifs tout d'abord : l'immersion est parfaite. Tout est fait pour qu'on ait l'impression de faire parti du F1 Circus. Les pilotes ont tous été modélisés, on a l'occasion de les voir en dehors de leurs monoplaces, mais les membres des teams sont également là, sur les murets des stands. On retrouve tout d'un week-end de course : essais libres, vie dans le box, réglages, et même tour de mise en grille si on le veut. La safety car est activable.

Les sensations de conduite sont conformes à ce que je connais d'une simulation de F1, avec des aides au pilotage qui peuvent être graduellement levées. Le jeu peut devenir bien trop facile si on ne va pas jouer avec ces réglages.

Le système de météo est intéressant, avec la possibilité d'avoir une météo variable, et pas juste une course sous la pluie ou une course sur le sec.

Graphiquement, en ce qui me concerne, le saut dans le temps a été bien accueillis, j'en ai pris plein la vue.

Voilà. Maintenant devenons un peu objectif et comparons avec ce qui se faisait avant. C'est là que ça commence à devenir moins reluisant.

Le système de jeu de sport à saison 2018 déjà. Même F1 Racing Simulation et sa licence restrictive, nous permettait de changer les noms des pilotes. Ici, comme on a un nouveau jeu chaque année, on a même pas moyen de voir une communauté sérieuse se créer sur un titre et proposer des mods pour jouer avec d'autres voitures, d'autres circuits ou d'autres pilotes. Le jeu ne se bonifie pas avec le temps,, il perd juste sa valeur dès la sortie de la mise à jour suivante. Bon, on connait le système depuis FIFA, mais ça reste décevant.

Ensuite, les animation sur la piste, pendant la course : l'IA semble super faible. Les pilotes ne commettent pas d'erreur, s'attaquent à peine, les courses sont ennuyeuses et, du coup pas réalistes. Alors oui dans la vraie vie on a souvent des courses soporifiques, mais on a aussi régulièrement des courses qui offrent du spectacle, avec des pilotes qui partent à l'erreur, des pilotes qui s'accrochent. Là, les courses se ressemblent toutes : On a généralement 2 casses mécaniques pendant la course, et c'est souvent un pilote de pointe et un pilote du milieu de plateau. Aucun tête à queue, aucun accrochage. Tout est en fait axé sur notre course à nous, la seule qui compte. Grand Prix 2, quand il était bien configuré, offrait suffisamment de spectacle pour que je puisse y regarder des courses sans même y participer. Là on y est pas.

Enfin, un des plus gros problème reste le système de collisions. Je m'attendais à ce qu'on ait encore gagné en réalisme par rapport à la fin des années 90. C'est pourtant ici qu'on a fait le plus gros pas en arrière. À ce que j'ai cru comprendre, c'est le système de sponsoring du jeu qui veut qu'il ne puisse pas y avoir trop de casse. Les ailerons pourront éventuellement être abimés, les roues pourront parfois s'arracher (mais pas toutes en même temps), mais c'est tout. Les cellule de survie ne seront jamais abimées, les baquets ne se déformerons pas, les voitures ne partirons pas en tonneaux, même quand on envoie ses roues faire des câlins à celles de la voiture d'à côté en bout de ligne droite. Pourtant, mes attentes se font par rapport à des jeux des années 90. Viper Racing date de 1998 et son système de dégâts était 10 fois plus intéressant. Dans F1 Racing Simulation, une bonne partie des éléments de la voiture pouvait s'arracher, ne laissant à la fin que la cellule de survie. Apparemment, il ne serait pas bien vu de faire un jeu dans lequel les marques présentes sur les voitures seraient malmenées. Ce qui est complétement stupide dans le sens ou les accidents de courses arrivent dans la vie réelle.

La licence Codemaster n'est pas dénuée de qualité, mais c'est une licence à pognon, pas une licence pour passionnés, qui cherche juste à vendre son produit chaque année au prix fort, et qui place le joueur au centre de toute l'attention, avec la première place comme seul objectif, comme seule finalité. Un des nombreux exemples qui témoigne de ça, c'est l'arrêt immédiat de la course lors d'un abandon : si votre moteur lâche, la course est juste stoppée, et vous propose au choix d'abandonner ou de recommencer. Pas de possibilité de regarder la suite. Si vous vous crashez, même sentence : le jeu ne cherche pas à voir ce qui pourrait arriver aux autres pilotes, mais vous propose de vous replacer quelques secondes avant l'accident, pour vous permettre de l'éviter et de continuer à rouler vers la première place. Pour moi, c'est un gros frein dans l'immersion, dans le sens ou l'accident, l'abandon fait parti de la course.

Enfin, je n'ai pas parlé du système de commentaires, en début et fin de course, qui est complètement aux fraises. Le pilote du jour est souvent un pilote qui n'a rien à voir avec le gros de l'action, un pilote de milieu de grille qui n'a rien fait du tout. Les commentaires sur les évolutions aux classements des championnats du monde sont à côté de la plque. Voilà au moins quelque chose qui n'a pas changé.

Note : 14/20
Plate-forme : multi

J'ai bien aimé:

• C'est joli
• C'est immersif
• Les courses rétro

J'ai moins aimé

• Le système de collision
• L'IA : les courses sont d'un ennuie, les pilotes ne tentent rien
• La Fifa-isation de la Formule 1
• Les séquences d'interview entre les courses dans le mode carrière.